RIFSEEP : La mobilisation montante dans les EPST et Universités commence à porter ses fruits ! Amplifions-la !

Communiqué intersyndical du 10 mars 2016

(CGT-INRA, FERCSup-CGT, SNTRS-CGT, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SNESUP-FSU, SUD Recherche EPST, SUD Education, SNPREES-FO, SupAutonome-FO)

Le 9 Mars, des centaines de milliers de salariés et jeunes manifestaient pour exiger le retrait du projet de Loi El Khomri visant à démanteler le code du travail. Le même jour, une délégation intersyndicale des syndicats CGT (CGT-INRA, FERCSup-CGT, SNTRS-CGT), FSU, SUD Recherche EPST, SNPREES-FO, SupAutonome-FO, et SNPTES était reçue sur la question du RIFSEEP par M. Lejeune, directeur de cabinet de la Ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement et de la Recherche, Mme Vallaud-Belkacem, accompagné de M. Prevost, conseiller social de la Ministre.

La délégation a fait part de l’exigence de près de 10000 signataires des EPST et des universités de voir les personnels ITA, ITRF et Bibliothèques exemptés du RIFSEEP, et que soit abrogé l’arrêté appliquant ce système aux personnels de l’AENES. Elle a indiqué la multiplication des prises de positions négatives d’instances à tous les niveaux des EPST et des universités, depuis les comités techniques et conseils scientifiques jusqu’aux conseils d’unité. La délégation a aussi souligné la signification de la déclaration aujourd’hui signée par 87 directeurs d’unité de l’INRA, c’est-à-dire la majorité des cadres intermédiaires de l’Institut, dénonçant un système inégalitaire, totalement inadapté au caractère collectif des activités dans la recherche publique. Elle a enfin dénoncé le décalage considérable existant au niveau des systèmes indemnitaires pour tous les corps de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) comparativement au reste de la Fonction publique.

Le directeur du cabinet de la ministre nous a indiqué avoir compris que « la profession ne veut pas de ce nouveau système ». Il a aussi déclaré avoir entendu nos arguments concernant, entre autres, l’antagonisme entre le caractère collectif des activités et l’individualisation des rémunérations qui serait générée par ce nouveau système. Il a conclu en déclarant que le Ministère porterait ces arguments ainsi que notre exigence d’exemption des ITA et des ITRF au niveau de la réunion interministérielle qui devrait se tenir fin mars pour avaliser ou non les demandes d’exemption faites par les différents ministères.

Pour les bibliothèques, le MESR devrait discuter auparavant avec la co-tutelle du ministère de la Culture. En revanche, le ministère se refuse à reconsidérer l’AENES au motif qu’il s’agit de corps à statuts communs ou interministériels. Il s’est aussi refusé en l’état à discuter sur le réajustement indemnitaire entre corps de l’ESR et du reste de la Fonction Publique. Il a pourtant admis que la faiblesse du régime indemnitaire des corps de l’ESR était un problème et que si les corps de chercheurs et d’enseignant-chercheurs avaient été exclus du RIFSEEP dès le début, une des raisons était leurs primes minuscules !

Ce discours ministériel, laissant entrevoir la possibilité d’exemption des corps ITA et ITRF du RIFSEEP, diffère notablement de celui tenu par les représentants du même ministère le 26 janvier où il nous était expliqué que le MESR s’alignerait sur les autres Ministères et refusait de s’engager à porter cette exigence d’exemption (« on réfléchit »).

Pour nos organisations, ce nouveau discours est à mettre à l’actif des multiples rassemblements et assemblées générales tenus depuis fin janvier, des prises de positions d’instances et de directeurs d’unité contre la mise en place du RIFSEEP. Mais rien n’est encore acquis : il faudra convaincre le ministère de la Fonction publique !

Cela ne peut qu’inciter à amplifier la mobilisation pour obtenir l’exemption pure et simple du RIFSEEP pour les corps ITA, ITRF et bibliothèques, le retour en arrière pour l’AENES, l’abandon de la PEDR pour les chercheurs, et l’ouverture de véritables négociations pour une revalorisation substantielle des rémunérations de base (indiciaire et indemnitaire) des personnels de l’ESR, de toutes catégories. La période est favorable, d’autant que les demandes d’exemption du RIFSEEP se multiplient, comme par exemple pour les agents des Douanes.

Les organisations soussignées appellent les personnels à se saisir massivement de la semaine d’actions du 14 au 18 Mars pour préparer des actions et des rassemblements sur tous les sites d’enseignement supérieur et de recherche et notamment devant les sièges des établissements, à Paris et en régions afin de porter ces exigences.

CGT-INRA, FERCSup-CGT, SNTRS-CGT, SNASUB-FSU, SNCS-FSU, SNESUP-FSU, SUD Recherche EPST, SUD Education, SNPREES-FO, SupAutonome-FO

La Faisabilité politique de l’ajustement – Cahier de l’OCDE

Les mesures de stabilisation peu dangereuses (EXTRAITS p30-31)

Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population.

[…]

Le gouvernement doit aussi réduire la masse salariale et couper des subventions. Mais, pour réussir, il doit dans ce cas accorder la plus grande attention aux détails et adopter une optique désagrégée. Rien n’est plus dangereux politiquement que de prendre des mesures globales pour résoudre un problème macro-économique. Par exemple, si l’on réduit les salaires des fonctionnaires, il faut les baisser dans tel secteur, les bloquer en valeur nominale dans un autre, et même les augmenter dans un secteur clé politiquement. Si l’on diminue les subventions, il faut couper celles pour tels produits, mais maintenir en totalité celles pour d’autres produits. Le souci du détail ne connaît pas de limite : si les ménages pauvres consomment seulement du sucre en poudre, on peut augmenter le prix du sucre en morceaux pourvu que l’on garde la subvention au sucre en poudre.

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Le texte intégral en ligne : Cahier politique numéro 13 de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

 

Merci Patron !

MerciPatronToujours en salles !
A propos du film

J’ai regardé le film de Ruffin que j’ai trouvé très drôle et salutaire… une façon ludique de dénoncer plus efficace qu’une démonstration sérieuse.
Robert Guédiguian

Ce film sort officiellement le 24 février, mais des avant-premières sont prévues en janvier, dont l’une le 25 janvier à Lille. Ne loupez ce film sous aucun prétexte. Le style est-il inspiré par Michael Moore, version « pieds nickelés picards » ? Est-ce très drôle à de nombreux moments ? Emouvant à d’autres ? Populaire ? Dénonciateur ? Est-ce une aventure parfois policière ? Trouve-t-on, du côté de la direction et des cadres du groupe LVMH, des propos tellement inouïs qu’on se demande s’ils n’ont pas été inventés par le réalisateur et joués par des acteurs ? Comment quelques personnes ont-elles pu piéger à ce point une machine sécuritaire d’entreprise aux énormes moyens ?
Ce film est tout cela à la fois, et plus encore car il va susciter débats et critiques, honnêtes ou malveillantes, et ce sera l’une des raisons du succès que je lui souhaite de tout cœur. Sur le plan éthique, la méthode de « piégeage » de Bernard Arnault et de ses séides est-elle justifiée, avec les caméras cachées, avec cet incroyable jeu d’acteurs d’un poker menteur qui nous tient en haleine ? Les personnes mises au chômage par Bernard Arnaud et qui défendent ici leur vie et leur maison, le dos au mur, sont-elles manipulées par le réalisateur ou totalement consentantes et actrices du film dans tous les sens du terme ? Que vont-elles devenir une fois le film terminé et projeté partout ? Cette mémorable action de petit groupe a-t-elle un sens et un intérêt pour les actions collectives, syndicales, etc. ? Le réalisateur n’est-il pas un peu trop présent, même si ses interventions sont pertinentes et souvent drôles ?
Pour ma part, j’ai peu de doute sur la légitimité des actions entreprises et sur l’intérêt politique et humain de « merci patron ». J’ai peu de doute sur le fait que « Bernard le flingueur », grand ami de Sarkozy (il faisait partie des happy few invités au Fouquet’s après l’élection de 2007), né à Roubaix, le Roubaix chic, déjà le luxe, dont l’immense fortune (estimée par Forbes à 37,2 milliards de dollars en 2015) a été bâtie sur le malheur de dizaines de milliers de salariés en France et ailleurs, prenne très mal cette atteinte à son image. Une image déjà écornée par son projet de devenir citoyen belge en 2012 pour des raisons de succession, projet qu’il abandonnera mais auquel il donnera une autre forme en transférant en Belgique début 2013, dans une fondation, la quasi-totalité des actifs de son groupe, avec Thierry Breton comme président de cette fondation au nom évocateur : Protectinvest.
J’ai accepté d’animer des débats faisant suite à la projection de ce film, c’est ma façon de le soutenir. Bravo les pieds nickelés picards pour cette œuvre de salubrité publique !
Jean Gadrey, pour Alternatives économiques